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3 faits essentiels à connaître sur l’autonomisation économique des femmes

Parmi les axes centraux et importants du projet PEG, nous retrouvons celui de l’autonomisation économique des femmes. Ce projet ambitieux vise non seulement à mobiliser et renforcer les compétences des acteurs et actrices sur l’égalité de genre mais aussi à accentuer les compétences des femmes pour accélérer leur autonomisation économique. Mais en quoi consiste concrètement cet axe ?  Et quelle est sa situation en Afrique particulièrement ?  

Aux côtés des hommes, les femmes contribuent constamment au développement social. En Afrique aujourd’hui, bien que l’autonomisation économique des femmes soit liée à plusieurs facteurs (sociaux, culturels et religieux), la reconnaissance juridique des droits des femmes par les Etats Africains reste primordiale. En théorie comme en pratique, elle représente l’une des garanties les plus solides quant à l’obtention d’une véritable émancipation économique féminine.    

Dans tous les pays, l’expérience montre qu’investir dans l’autonomisation économique des femmes est la voie la plus sûre vers l’égalité du genre, une croissance économique inclusive ainsi que l’épanouissement et le bien-être des femmes. 

L’autonomisation économique des femmes, un atout pour l’économie 

Au niveau mondial comme sur le marché du travail, les femmes sont des actrices très engagées qui réussissent à soutenir la santé, l’éducation et la sécurité économique de leurs familles. Selon le rapport de 2012 sur « le développement dans le monde : Égalité des genres et développement » de la Banque mondiale : de 1980 à 2008, 552 millions de femmes ont intégré le marché du travail pour contribuer à l’épanouissement de leurs familles.   

Les données socio-économiques présentées par ce rapport proviennent de plusieurs sources : données primaires collectées par la Banque mondiale, les publications statistiques des pays membres, entretiens avec des femmes et  instituts de recherche et organisations internationales telles que l’Organisation des Nations Unies (ONU) et ses agences spécialisées, Fonds monétaire international (FMI) et l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE).  

 

Selon ONU Femmes, l’accès des femmes à un emploi décent « pourrait non seulement améliorer leur capacité d’action et les schémas de répartition au sein des foyers, mais cela permettrait également à des foyers entiers de ne plus vivre dans la pauvreté. » A titre d’exemple, une analyse des entreprises du classement Fortune 500 , qui est le classement des 500 premières entreprises américaines, vient appuyer l’efficience de l’autonomisation économique des femmes.    

Cette analyse a démontré que « le rendement total offert aux actionnaires était supérieur de 34%  dans les entreprises occupant le plus grand pourcentage de femmes » et qui occupent généralement des fonctions de haute responsabilité ou managériales.  

En outre, et d’après une étude récente du Fond Monétaire international (Ostry et al., 2018), « les hommes et les femmes sont complémentaires au travail, car ils ont des compétences et des points de vue différents, notamment une façon différente d’envisager le risque et la collaboration. » De ce fait, l’augmentation de l’emploi féminin « dope la croissance et les revenus plus qu’on ne l’imaginait, et n’équivaut pas à une simple hausse des effectifs » ajoute l’étude. 

 

La participation des femmes au marché du travail continue d’accuser du retard. 

Les femmes occupent majoritairement des postes peu rémunérés, et seules quelques-unes d’entre elles occupent des postes importants. En outre, et malgré les avancées réalisées pour pouvoir stimuler le leadership féminin dans plusieurs pays, quelques actes discriminatoires limitent toujours les femmes et les empêchent de participer à l’élaboration des politiques économiques et sociales de leurs pays.  En 2015, le Bureau International du Travail (BIT) a signalé qu’en Afrique subsaharienne, 74% des femmes contre 61% des hommes, avaient plus de chances d’exercer des métiers mal payés et non déclarés. » 

De plus, selon l’OIT, les femmes sont représentées de manière disproportionnée dans les emplois atypiques (emplois à temps partiel, missions temporaires) et les emplois précaires souvent moins ouverts à l’évolution de leurs vies professionnelles et à la progression de carrière à long terme.

Ainsi, le monde des start-ups est aussi, souvent, à dominante masculine. Hans Raffauf, CEO de Clue, une application de santé dédiée au suivi du cycle menstruel des femmes, a fortement constaté lors du processus de recrutement du personnel que « des femmes se déclarent inaptes. »   

Dans le même sens, la peur d’un refus et le manque de confiance en soi des femmes s’amplifient à cause du manque de confiance des banques dans les compétences des femmes entrepreneures. Le manque  d’accès aux  financements  entrave beaucoup de femmes à se lancer dans l’entreprenariat, car elles sont moins susceptibles que les hommes d’obtenir un financement pour lancer leur propre start-up. 
  
Un article récent du site d’information La Tribune Afrique a signalé qu’entre l’année 2019 et 2022, « jusqu’à 97 % du financement des start-ups basées en Afrique – tous secteurs confondus – par les fonds d’investissement dites « capital-risque » ont été alloués à des hommes présidents et directeurs généraux. »   

 

Confiance en soi des femmes par rapport aux hommes 

Une étude dirigée par des chercheurs européens et américains pour le Journal of Personality and Social Psychology sur des femmes et des hommes de 48 pays a montré que « le degré moyen d’estime de soi est plus faible chez les femmes que chez les hommes et augmente pour les deux sexes avec l’âge, de l’adolescence jusqu’au milieu de l’âge adulte ». Selon les auteurs de l’étude, ce manque de confiance «pénalise» considérablement les femmes  dès leur entrée sur le marché de travail.  Par conséquent, les femmes seraient perçues comme moins compétentes par rapport aux hommes : elles en sont déjà convaincues.  

Ce phénomène, appelé « confidence gap », a été également relevé dans le «Women’s Confidence Report 2021» – qui est la plus grande analyse internationale sur la confiance en soi des femmes.  11 176 femmes ont été interrogées dans 11 pays pendant 3 ans, et les résultats sont les mêmes : la confiance des femmes est plutôt faible par rapport à celle des hommes – peu de femmes dans le monde se sentent très confiantes.  « La confiance est relationnelle, on ne peut pas l’augmenter seul. Ce n’est pas une affaire personnelle ou une possession individuelle, mais l’augmentation de la confiance est quelque chose de collectif, quelque chose que l’on reçoit, que l’on donne et que l’on fait grandir avec les autres, » a identifié l’étude. 

Ces résultats laissent plusieurs questions ouvertes, notamment si le degré de confiance est un trait de personnalité, des caractéristiques individuelles innées, ou plutôt un résultat de l’environnement, cumul de l’enfance de la personne ou son vécu, impactés par les rôles traditionnellement attribués aux hommes et aux femmes dans les sociétés. Se donner le droit d’être indépendante est un  moyen efficace de booster la  confiance en soi. La femme, en devant autonome et indépendante financièrement, peut acquérir une forme de contrôle sur sa vie et préserver son estime de soi.  

En Afrique, l’autonomisation économique commence à devenir une question de sécurité pour la femme, et devient de plus en plus associée à son épanouissement personnel.  L’égalité de genre et l’autonomisation économique des femmes ne peuvent devenir une réalité que lorsque nous nous engageons tous et toutes dans l’éducation, la sensibilisation et le renforcement des compétences des femmes.  

L’investissement actif dans ces domaines créera des opportunités intéressantes pour les femmes, sur la même base que les hommes. Néanmoins, il faut repenser les rapports de domination également, afin de mieux comprendre la raison pour laquelle les femmes elles-mêmes mettent des obstacles -inconsciemment- à la réalisation de leurs objectifs professionnels. 

 

Ecrit par Amal El Attaq

Photo de courverture par Samuel Turpin